Commission secourisme tactique

Le Conseil d’Administration du 10 décembre 2024 a validé le texte suivant rédigé par la commission  secourisme tactique :

La nécessité de former au secourisme tactique les porteurs d’armes légaux, en particulier ceux des administrations, est unanimement reconnue. Cependant, à ce jour seuls quelques services spécialisés en dehors de la gendarmerie et des autres militaires bénéficient d’une formation.
En revanche aucune formation de secourisme tactique n’est donnée aux policier nationaux et municipaux ainsi qu’aux douaniers et aux agents de l’Office Français de la Biodiversité et de l’Office National des Forêts, pourtant porteurs au quotidien d’armes à feu. Les agents de sécurité privée abordent depuis peu cette thématique dans leur formation initiale et continue.
Néanmoins la plupart de ces administrations intègrent en formation initiale ou continue la formation Premiers Secours Citoyen (PSC) voire la formation Sauveteur Secouriste du Travail (SST) qui est équivalent au PSC. Ces formations permettent de découvrir les gestes de premier secours mais il est préférable d’inclure un cadre réaliste pour réagir efficacement lors d’une blessure par arme à feu, arme blanche ou explosif et chimique.
Le ministère de la Défense, en 2020, donnait une vision intéressante sur la différence entre le sauvetage (ou secourisme tactique) et le secourisme classique (1)
Une des priorités est de se soustraire et se mettre à l’abri du danger : il faut sécuriser la zone où l’on souhaite porter assistance, en étant couvert soi-même pour porter secours, et placer également les victimes à en zone sécurisée.
Autre problématique : la personne blessée armée dont il faut sécuriser l’arme avant toute intervention.
Le secourisme dit « tactique » prend en compte ces situations diverses pour donner le cadre réaliste des interventions nécessaire pour éviter l’effet de sidération ou effet « tunnel » des sauveteurs.
Il paraît donc primordial d’effectuer un recensement des formations de secourisme tactique actuelles.
Les formations de secourisme tactique actuelles peuvent être scindées en deux catégories :

    Les formations professionnelles créées par les administrations (Gendarmerie, CRS, RAID) et diffusées auprès d’autres services d’une part ;

    Les formations civiles délivrées par les diverses associations agréées de sécurité civile et organismes de formation au secourisme d’autre part.
Concernant les formations des administrations, leur caractère opérationnel oblige à conserver une importante discrétion sur leur contenu et leur mise en œuvre afin de ne pas donner des informations sensibles à des personnes mal intentionnées. Elles comportent souvent plusieurs niveaux, il convient de ne se pencher que sur le premier niveau accessible au plus grand nombre d’agents.
Les formations de secourisme militaire (Sauvetage au Combat niveau 1 à 3) étant conçues pour le secourisme tactique en zone de guerre, elles ne seront pas développées ici. Elles restent néanmoins la base du secourisme dit « tactique » notamment avec l’algorithme d’intervention « SAFE MARCHE RYAN ».
Il convient de ne porter uniquement des appréciations générales sur ces formations et leur potentielle diffusion pour former l’ensemble des agents armés des administrations, collectivités territoriales et de sécurité privée (Agents de Sécurité Renforcée).
La formation du RAID est d’un excellent niveau, elle fait des opérateurs du RAID des personnes capables de faire face à une multitude de situations suite à un événement grave. Par sa technicité et son volume important, il semble qu’elle doit être réservée à des groupes spécialisés.

La Formation de la Gendarmerie, appelée autrefois SIG (Secourisme en Intervention Gendarmerie) et désormais appelée SauveTaGe N1 (Sauvetage Tactique Gendarmerie – Niveau 1) est un dérivé des formations SC (Secourisme au Combat) de différents niveaux enseignés aux soldats de l’armée de terre. Ces formations ont été adaptées à un cadre urbain ou périurbain, et non une zone de guerre. (2) (3)
Cette formation s’ajoute aux formations classiques de secourisme comme le PSC pour donner un cadre réaliste aux gendarmes amenés à rencontrer des situations extrêmes afin de les préparer à y faire face. L’un des éléments les plus intéressant est l’entraînement à l’extraction d’un agent blessé, équipé et armé du véhicule de service. Cette partie de formation devrait être enseignée à tous les agents équipés et armés utilisateurs d’un véhicule de service et Agents de Protection Rapprochée (APR).
La formation des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) permet à un agent piéton de faire face à une blessure par balle. (4) (5) (6)
Cette formation SOC (Secourisme Opérationnel CRS) est devenue une base de formations pour différente administrations, en particulier pour les services spécialisés déjà formés en formation classiques (PSC, SST).
D’autres formations sont proposées selon des référentiels OTAN : ces référentiels sont issus des réflexions des militaires américains lors de la guerre du Vietnam. Leur retour d’expérience a permis une sécurisation des processus et une uniformité des méthodes.
Ceci implique une certaine lourdeur mais crée une universalité des comportements qui permet une grande efficacité. Les avantages sont multiples : compréhension, rapidité, communication, utilisation des matériels ; chaque personnel sait comment va réagir la personne avec qui il travaille.

Les formations civiles sont extrêmement variées, et nombre d’entre elles ne reposent sur aucun cadre ni aucun référentiel. Deux formations se détachent, l’une diplômante, et l’autre non.
La formation diplômante est la formation Premiers Secours en équipe de niveau 2 (PSE2) de la DGSCGC. Elle n’est pas réellement une formation de secourisme tactique, mais elle est très complète et comprend la formation de secours avec de nombreuses victimes. Elle dépasse le cadre des blessures par balles ou armes blanches, incluant les blessures dues aux explosions et la gestion de situations à nombreuses victimes (SNV). (7)
Elle est une excellente formation diplômante pour les porteurs d’armes légaux, accessible à tous les publics mais chronophage (62 heures de formation) ce qui est nécessaire pour prendre en compte la totalité des enseignements et des épreuves sanctionnant l’obtention du diplôme. Une formation continue annuelle de 6 heures est nécessaire pour garantir le maintien des acquis. Son coût est variable mais assez conséquent. (8) (9)
La formation de secourisme non diplômante est celle proposée par la Croix-Rouge Occitanie (Croix Rouge Compétence) depuis 2019 : Secourisme tactique en situations de violences et d’attentat. Elle permet en 7 heures de préparer les personnes à réagir face aux blessures par armes à feu, armes blanches, explosion, NRBC et l’obtention d’une attestation de formation. Malgré le format de courte durée, cette formation inclus des cas concrets (mises en situations) (10) (11)
En conclusion, il serait opportun dans un premier temps de proposer une formation dérivée des formations SauveTaGe N1 ou SOC 1 à tous les agents des administrations porteurs d’armes à feu, ce qui pourrait être relativement rapide et aisé.
Dans un second temps, pour les autres utilisateurs légaux d’armes à feu (Police municipale, agents de sécurité renforcé, agents de protection rapprochée, convoyeurs de fonds), il serait intéressant de les encourager à se former en secourisme (au minimum sur le PSC) ainsi que de réglementer les formations de secourisme tactique pour qu’elles suivent un cadre et un référentiel à l’exemple la formation de la Croix-Rouge Occitanie (croix Rouge Compétence).

Cela passerait par la rédaction d’un référentiel technique et d’une pédagogie appliquée à l’emploi tel que définie par la DGSCGC pour les formations de sécurité civile (PSC, PSE, BNSSA…).
Une telle formation devrait avoir pour priorité d’obtenir une uniformisation des méthodes, tout en donnant une équivalence aux divers formateurs de secourisme déjà formés.
Le cas des formateurs de sauvetage au combat de l’armée française révèle un paradoxe : ces soldats n’ont aujourd’hui aucune reconnaissance dans le monde civil alors qu’ils ont une expertise dans leur domaine.
Une formation sous forme de « recyclage » de ces formateurs de secourisme tactique leur permettrait de valoriser leurs connaissances, tout en écartant les personnes qui proposent aujourd’hui des formations de « secourisme tactique » en n’ayant aucune formation ou expérience.
Ces personnes peuvent avoir un but uniquement économique, mais certaines utilisent leurs stages de « secourisme tactique » pour diffuser des idéologies nuisibles (complotistes, haineuses, séparatistes, etc…) et tenter de recruter par ce biais des nouveaux membres.
Il importe donc d’encadrer le secourisme tactique par un référentiel commun.
Cependant, ce référentiel devrait suivre un modèle économique pertinent qui conjuguerait l’universalité par ce référentiel commun tout en ayant une part de formation spécifique qui puisse s’adapter à l’utilisateur final.
En effet, un chasseur, un membre des forces de sécurité intérieure, un journaliste en zone de conflit ou un tireur sportif peuvent tous faire face à une situation de blessure grave mais ils n’ont pas les mêmes besoins parce que les situations seront différentes.

Ce concept existe avec le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS). (12) (13) Il s’agit d’avoir un enseignement de tronc commun auquel s’ajoute un enseignement de spécialité. Cette possibilité permettrait à tous les publics concernés d’avoir une formation adéquate, tout en ayant une universalité du comportement quant aux gestes de secourisme et conduite à tenir spécifiques.
Cette formation s’adresserait à tous les utilisateurs légaux d’armes, mais aussi d’autres publics intervenants dans des établissements ou des contextes pouvant les amener à être confrontés à des situations de violences graves ou d’attentat (Journalistes, expatriés, travailleurs humanitaires, salariés d’ERP…).
Sources ouvertes :
1 : Secourisme et sauvetage : quelles différences ? Les marins en première ligne (defense.gouv.fr)
2 : LA FORMATION SAUVETAGE… – Ecole De Gendarmerie Châteaulin | Facebook
3 : Coulommiers : les gendarmes formés aux attaques et aux situations d’urgence (actu.fr)
4 : Bonjour, j’aurais souhaiter en savoir plus sur le programme de formation SOC2 des CRS. Merci | police nationale (career-inspiration.com)
5 : deliberation_19-b31_convention_stage_accueil_secouristes_crs_niveau_2.pdf (sdis06.fr)
6 : INTÉRIALE Mutuelle sur LinkedIn : Secours Opérationnel CRS, de l’aide pour leur formation
7 : Les recommandations et les référentiels / Secourisme et associations / Documentation technique / Sécurité civile / Le ministère – Ministère de l’Intérieur (interieur.gouv.fr)
8 : PSE1, formation secourisme en équipe de niveau 1 | Protection Civile (protection-civile.org)
PSE2, formation secourisme en équipe de niveau 2 | Protection Civile (protection-civile.org)
9 : Premiers secours en équipe de niveau 1 et 2 | Croix-Rouge française
10 : Une nouvelle formation aux premiers secours : le secourisme tactique – Croix-Rouge
11 : Secourisme tactique en situation d’attentat – Croix-Rouge
12 : BPJEPS | sports.gouv.fr
13 : Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport — Wikipédia (wikipedia.org)

 

Pour tout renseignement, s’adresser au secrétariat de l’ANA-SJ (ana@ana-sj.fr).